Article n°0 - Pourquoi MIKROSILER ?
- Mikrosiler
- 5 nov. 2021
- 4 min de lecture
Déjà commençons par le commencement, vous devez sans doute vous dire, hein ? quoi ? mikro..quoi ? Bien que ce nom puisse surprendre et paraître barbare au premier abord, en réalité c’est très simple. Pour l’anecdote, MIKROSILER signifie en breton microfitreur. Et oui vous l’aurez deviné, ce projet à des origines bretonnes, et pour ce qui est du choix du mot microfiltreur vous allez sans doute très vite le comprendre…
Quand on parle du plastique dans les océans, on imagine instinctivement de gros déchets flottants (bouteilles, sacs,…). Bien que cette pollution soit bien réelle, une autre catégorie de plastiques peuple nos rivières, nappes, mers et océans, les microplastiques. « Ce sont ces microplastiques qui constituent l’essentiel de la pollution plastique des mers et océans, pas les macrodéchets », insiste le navigateur Patrick Deixonne, fondateur de l’association scientifique et de sensibilisation « Expédition 7e continent ». Pour la journée mondiale des océans, WWF a illustré ce phénomène en faisant un zoom sur la pollution plastique dans la méditerranée, « Les microplastiques y atteignent des niveaux records », précise le rapport évoquant une concentration quatre fois plus élevée que dans le vortex de déchets du Pacifique nord. On en compte à peu près, entre 7000 et 35 000 tonnes rien qu’à la surface des océans.
Vous l’avez sans doute compris maintenant, MIKROSILER est un projet qui s’attaque au microplastiques.
Une proportion plus que considérable viennent de nos maisons (lessive, cosmétique,…). Alors on pourrait se rassurer en pensant que les stations d’épuration traitent nos eaux usées et donc éliminent la grande majorité des microparticules plastiques. En effet, selon des études récentes, les stations d’épuration auraient une efficacité comprise entre 85 % et 99% pour le traitement des microplastiques, des résultats très satisfaisants mais qui néanmoins peuvent fortement varier en fonction de la modernité et du type de station.
De plus, si l’on s’exprime en terme de quantité et non en pourcentage, ces « bons » résultats sont à relativiser. Selon une étude menée à la station d’épuration du Havre, 3 200 000 microplastiques entrent dans la station par heure, cette station étant moderne elle prouve une efficacité de 99% face aux microplastiques mais malgré tout, le rejet en sortie serait de 1770 microplastiques par heure.
Cependant, la relative efficacité des stations d’épuration n’est pas le seul problème. A cela s’ajoute l’enjeu des boues d’épuration. En effet, ces boues résultant du traitement des eaux usées, contenant ainsi tous les déchets et particules nocives filtrées telles que les microplastiques sont épandues à 75% sur des terres agricoles. Bien qu’elles soient traitées avant l’épandage, elles ne subissent aucun traitement vis-à -vis des microplastiques. Donc, sous l’effet des intempéries entraînant ruissellement, infiltration et évaporation, ces particules se retrouvent de nouveaux dans les rivières et même dans les nappes d’eau souterraines comme ont pu relever une équipe de chercheurs de Illinois Sustainable Technology Center en analysant plusieurs échantillons d’eau prélevés dans des puits et des sources de la région de la ville de St. Louis, et dans un aquifère de la région rurale du Nord-Ouest de l’Illinois. Nous sommes face à un cercle vicieux.
Très peu étudiés les décennies précédentes, les microplastiques suscitent actuellement un intérêt croissant que l’on peut justifier par diverses études menés comme celle d’une équipe internationale de chercheurs des universités de Toulouse, Orléans et Strathcylde (à Glasgow, en Ecosse) en 2019, qui a révélée la présence de microplastiques dans les Pyrénées à 1 500 m d’altitude, supposant que les microparticules sont transportées par les vents, comme le souligne Steve Allen, l’un des co-auteur de cette étude, et/ou victimes de l’évaporation. De plus, en juin 2018, une expédition scientifique lancée par Greenpeace à bord de l’Artic Sunrise avait déjà relevé des particules de plastique dans des prélèvements d’eau et de neige dans l’océan Antarctique. Ainsi, comme le soulignent les scientifiques de cette dernière expédition à travers une hypothèse peu rassurante, il est possible qu’aucun endroit sur terre ne soit à l’abri de la pollution plastique.
Il faut savoir que le plastique sous la forme de microparticules, est celui dont on a le moins de connaissances sur ces conséquences sur la biodiversité. On y remarque tout de même des effets sur plusieurs espèces animales et le manque de recul ne nous permet pas de les exclure chez l’homme. Mais tout cela vous sera expliqué plus en détail dans de prochains articles.
Pour conclure, pour toutes ces raisons, il nous a paru important de contribuer à la diminution de cette pollution invisible mais tout aussi néfaste que les macroplastiques. « Il faut sortir de cette idée d’un continent de déchets plastiques qui flotteraient au beau milieu du Pacifique et qu’on imagine comme une étendue solide. L’idée paraît séduisante, notamment parce qu’elle laisse croire qu’on pourrait nettoyer l’océan. Mais elle est loin de la réalité. » montre du doigt le navigateur et explorateur Patrick Deixonne. Les macroplastiques ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
Ainsi, après vous avoir exposé le contexte qui constitue la raison de ce projet, vous pourrez régulièrement lire de nouveaux articles en lien avec le projet MIKROSILER mais aussi plus largement en lien avec l’environnement car beaucoup de choses souvent très simple, qui semblent comprises par tous, ont parfois besoin d’être approfondies.
En vous souhaitant de futures belles lectures avec la Team MIKROSILER.
Article rédigé par Clémence HENRI
Sources :
Wastewater treatment plants as a source of microplastics in river catchments Etude publiée au Royaume-Uni en juillet 2018 : https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11356-018-2070-7
Illinois Sustainable Technology Center, Etude publié dans le Groundwater, 2019 : https://ngwa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/gwat.12862
Rapport WWF sur le plastique dans la méditerranée, 2018, https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-06/180608_rapport_plastiques_mediterranee.pdf
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